Botaniste professionnel durant 10 ans, diplômé des Beaux-Arts de Saint-Etienne, enseignant dans le secondaire, je travaille la gravure, l’estampe, le tampon et dessine pour les naturalistes et le monde de la littérature jeunesse.
J’anime des ateliers artistiques en lien avec les sciences naturelles pour les collectivités, les associations...
J’explore les thématiques naturalistes et le monde des sciences en général, et tente de parler “pour”.
Bien sûr un écrivain il écrit pour des lecteurs. Mais qu’est ce que cela veut dire « pour ». Cela veut dire à l’intention de (…) il écrit pour des lecteurs mais il faut dire aussi que l’écrivain écrit pour des non-lecteurs, c’est-à-dire non « à l’intention de » mais « à la place de ». « Pour » veut dire deux choses. Cela veut dire à l’intention et cela veut dire à la place.
Artaud a écrit des pages que tout le monde connaît : « J’écris pour les analphabètes, j’écris pour les idiots ». Faulkner écrit pour les idiots. Cela ne veut pas dire pour que les idiots le lisent, cela veut dire « à la place » (…). Je peux dire j’écris à la place des sauvages, j’écris à la place des bêtes.
Ce n’est pas une affaire privée que quelqu’un écrive, c’est vraiment se lancer dans une affaire universelle.
Ecrire c’est forcément pousser le langage et pousser la syntaxe (…) jusqu’à une certaine limite. La limite qui sépare le langage du silence, la limite qui sépare le langage de la musique, la limite qui sépare le langage du piaulement douloureux (…).
Quand on fait de la philosophie on est sur la limite qui sépare la pensée de la non-pensée. Il faut être toujours à la limite qui vous sépare de l’animalité mais justement de telle manière qu’on n’en soit plus séparé. Il y a une inhumanité propre au corps humain et à l’esprit humain. Il y a des rapports animaux avec l’animal.
Gilles Deleuze, Abécédaire